Parmi les tutos que Virgules propose, celui-ci est peut-être celui le plus dispensable à la majorité des lecteurs. En effet, bien des artistes savent comment distribuer leur musique à l’heure du streaming et du téléchargement. Néanmoins, il reste quelques artistes me demandant à l’occasion comment s’y prendre. Voici ici la réponse.
1. Que signifie « distribuer sa musique » ?
Avant toute chose, il me semble important de revenir à la notion de base afin de l’expliquer brièvement. La distribution consiste en la dernière étape de la vie d’un morceau avant sa consommation. C’est-à-dire qu’un morceau, un album ou un EP qui ont été produits ont besoin de passer par un prestataire qui va se charger de les rendre disponibles au public, en les fournissant à la société qui commercialisera ces morceaux. En matière de distribution physique, ce sera par exemple la Fnac. S’agissant de la distribution digitale, le thème principal de ce tuto, il s’agira de Spotify, Deezer ou Apple Music (streaming), ainsi que d’iTunes par exemple en matière de téléchargement. Si Soundcloud, entre autres, permet l’upload direct de morceaux, et que Spotify compte à l’avenir proposer également une solution d’upload direct, il reste indispensable de passer par un distributeur pour que sa musique soit disponible sur le plus de plateformes possibles.
2. Comment distribuer ma musique si je suis un artiste amateur ?
Je vais ici expliquer comment distribuer sa musique de manière digitale. La distribution physique est un autre sujet, qui ne concerne généralement pas les artistes n’ayant pas atteint un certain niveau de renommée. L’intérêt étant également ici d’expliquer comme il est simple de rendre sa musique accessible en streaming ou téléchargement aujourd’hui.
Depuis l’avènement d’une offre légale de consommation de musique en ligne sont apparus ce que l’on appelle les agrégateurs numériques. C’est-à-dire des distributeurs qui fournissent une prestation sans sélection des artistes avec qui il travaille : tant que votre morceau respecte les conditions générales de l’agrégateur (et que vous payez, bien sûr), il distribuera votre musique. Les principaux agrégateurs sont Tunecore, iMusician ou Distrokid. SpinnUp est également intéressant, permettant à la fois de distribuer votre musique et de la faire écouter à des professionnels du disque (ce qui a permis à des artistes comme Zuukou Mayzie de signer un deal). Chaque agrégateur a des tarifs différents avec des offres différentes (exemple : 10€ par an pour sortir un single sans que l’agrégateur ne prenne aucun pourcentage sur le revenu / 20€ sans renouvellement de paiement avec une commission de 20% prise par l’agrégateur sur le revenu / …). Des comparateurs en ligne existent, et rien ne vaut votre propre expérience après les avoir tous testés pour vous faire votre avis sur celui qui vous convient le plus.
Si vous vous y prenez plus d’1 semaine à l’avance, il n’y aura en général aucun souci avec votre sortie, qui sera disponible sur toutes les plateformes le jour prévu à minuit. D’ailleurs, n’hésitez pas à faire des uploads 3 ou 4 semaines avant la sortie d’un morceau ou d’un projet, ce qui vous permettra sur Spotify (via un compte Spotify for Artists) de proposer votre musique aux curateurs de playlist de Spotify.
A l’heure du streaming, ces prestataires sont devenus des partenaires indispensables de centaines de milliers d’artistes amateurs, terrassant illico dans le rap des plateformes comme Haute Culture, victime de la montée en puissance de l’écoute de musique sur les plateformes de streaming.
3. Pourquoi les agrégateurs ne semblent concerner que les artistes amateurs ?
Il est fait mention dans les paragraphes précédents des artistes amateurs. Qu’est-ce qui change, lorsque le statut d’un artiste évolue ? Il peut tout simplement passer par un distributeur digital classique. C’est-à-dire que si vous franchissez certains caps (par exemple que vous générez plus de 100.000 streams pendant le premier mois d’exploitation d’un EP), vous pourrez commencer à intéresser des sociétés comme Believe Digital, Idol, Also, Caroline entre autres. Ces structures sont des distributeurs, au sens classique du terme dans la musique. C’est-à-dire des sociétés qui choisissent les artistes avec qui elles travaillent au cas par cas, en concluant des contrats de distribution avec eux. Concrètement, elles vont offrir les services d’un agrégateur mais en mieux : statistiques plus détaillées, coups de main sur le marketing et/ou sur les placements en playlist et/ou sur la stratégie selon le distributeurs, … Certaines n’offrent que de la distribution digitale, d’autres sont également en mesure de fournir une distribution physique.
En échange, elles récupéreront des royalties, dont les taux diffèrent selon le contrat et selon le prestataire. Les taux sur le digital se situent toutefois généralement entre 20 et 30% de commission pour le distributeur. Ces royalties vont pouvoir générer des avances, versées avant la sortie ou au jour de la sortie, qui permettront de finir de financer la production d’un projet, les clips, la promotion, le marketing, etc. Les montants dépendant à la fois de critères artistiques (croient-ils en la capacité de votre musique à connaître plus de succès ?) et commerciaux (combien de streams générez-vous actuellement ?). Aucun barème n’existe, ou peut-être en interne, tout cela est le fruit de négociations.
Pour approcher un distributeur, l’idéal est de leur envoyer quelques maquettes de morceaux présents sur le prochain projet que vous comptez distribuer. A moins de commencer à vraiment scorer sur les plateformes, assez pour commencer à ressembler à un nouveau phénomène, elles vous le demanderont.
Est-ce indispensable pour « percer » ? Non. Des artistes ont réussi à connaître un succès conséquent avant même d’avoir passé le moindre contrat avec une structure tierce. Toutefois, même ces artistes choisissent plus ou moins tous de passer par un distributeur (ou un licencié, voire de signer en contrat d’artiste) pour capitaliser sur le début de renommée qu’ils se sont créés en la faisant progresser.
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